De trois lumières plus ou moins fortes, laquelle vous éblouit le plus ?


17 juin 2024

| newsletter |

23 JUIN 2024, 12e dimanche ordinaire Année B, LA TEMPÊTE APAISÉE

La première lumière brillante est celle qui traverse l’ŒIL-DE-BŒUF du chœur de l’église de la CROIX DE MAINE pendant la matinée lorsque l’on se tient dans son faisceau. Quand la messe a lieu le matin, il y a quelques places où les rayons du soleil sont parfois très gênants. Une PEINTURE SUR VERRE a été installée à l’automne 2019. L’intention était multiple : donner une couleur plus chaleureuse au chœur, diminuer la lumière en cas d’utilisation du mur contigu lors des vidéo-projections, atténuer l’éblouissement quand le soleil donne et mettre en valeur (et à profit) des talents existant dans la paroisse : Les dons ainsi mis ensemble créent une dynamique paroissiale pour faire communauté, pour vivre fraternellement et pour louer le Seigneur pour ce qu’Il met en nous.

Lors de la création de la nouvelle paroisse (1997), selon Marie-Bernadette Bompas, Henri Delhumeau, dit Riton, (décédé en ce mois de mai 2024 après avoir été très actif à la paroisse de Belle-Beille) avait trouvé que cette baie ronde, haut placée, méritait d’être meublée. Ce lieu de culte lui paraissait bien froid. Bien des personnes du Lac de Maine avant lui avaient parlé de vitrail.

Le P. Christian Alain, notre curé de 2015 à 2023, a su lancer la Commission Talents de la paroisse. C’est grâce à lui que garnir cet œil-de-bœuf a pu être envisagé. La Commission a préparé et accompagné cette opération dès janvier 2019.

Sollicités, Marie-Bernadette Bompas et Bernard Thébault ont relevé le défi. C’est le projet de Marie-Bernadette qui a été retenu malgré l’intérêt de celui de Bernard. «Il était heureux du choix fait», rapporte-t-elle. Elle a demandé l’aide de Brigitte Baudriller pour la peinture. Jean-Marie Loizeau a été le partenaire technique. Il a embauché son fils pour le travail périlleux en hauteur lors de la pose de l’œuvre achevée. La plaque de verre mesure 56,5 cm de diamètre. Brigitte précise qu’elle a passé un à deux après-midis par semaine pendant l’été à peindre avec Marie-Bernadette. Le travail a été long car il fallait attendre 10h entre chaque couche de peinture. C’est en effet le nombre de couches qui fait la profondeur de la couleur.

Cette peinture est essentiellement fondée sur le récit de «la tempête apaisée» (lu le 12e dimanche ordinaire, ce 23 juin). Mc 4, 35-41 : «35 Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : «Passons sur l’autre rive». 36 Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient. 37 Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. (Ils étaient submergés et en grand péril. Lc 8, 23) 38 Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : «Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? (Seigneur, sauve-nous ! Mt 8, 25)» 39 Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : «Silence, tais-toi !» Le vent tomba, et il se fit un grand calme. 40 Jésus leur dit : «Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?» 41 Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?».

Le dessin aurait pu représenter une gabare de Loire pour évoquer notre Église d’Anjou. Mais c’est un trois-mâts. Pour Christian Alain, il nous rappelle la Trinité. Le navire aux voiles gonflées d’un vent tumultueux tangue sur les flots agités. Le navire est depuis longtemps, dit Brigitte, «le symbole de notre Église ; elle est prise dans une sorte de tempête ; c’est assez significatif de ce que l’institution traverse aujourd’hui. Un signe d’espoir demeure malgré tout, c’est sa résistance à sombrer !». Elle doit faire face à bien des crises à l’intérieur comme à l’extérieur. Marie-Bernadette précise : «La barque de l’Église ne s’enfonce pas, et mieux, ne coule pas. Elle peut paraître en déséquilibre, mais elle reste toujours à flot : son axe se redresse sans cesse, comme celui d’une bouée de balisage. Dans le danger, nous découvrons les valeurs profondes qui nous animent».

Les vagues de différentes couleurs peuvent manifester la diversité d’un monde souvent fermé voire hostile face au message chrétien. Le ciel est plus sombre d’un côté que de l’autre, montrant le changement qui s’opère sur l’ordre menaçant de Jésus. Marie-Bernadette dit : «Il était important de donner du mouvement et de laisser apparaître un ciel en partie un peu plus clair pour offrir de la sérénité. [Les trois textes synoptiques de] la Tempête apaisée nous montre[nt] le Christ au milieu de la barque, comme au milieu de notre vie. Le Christ ne s’impose pas, mais il est toujours là. Personne n’est forcé de lui donner confiance, d’avoir foi en lui. On reste toujours libre. La croisée du mât et de la vergue figure la croix du Christ. Cette croix est discrète sur l’œuvre, comme elle l’est souvent au cœur de notre vie, sans chercher à la dominer. Elle nous rappelle également le nom de notre paroisse». Il faut remarquer aussi sur la droite du tableau au milieu des vagues de gros poissons proches l’une de l’autre : une queue noire plongeant et une tête marron émergeant. Elles figurent à la fois le symbole (codé) des (premiers) chrétiens (se cachant car persécutés) -en grec, les lettres du mot poisson sont les initiales de «Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur»- et les monstres marins qui figurent aussi les dangers et les persécutions que l’Église doit affronter.

Cette peinture évoque aussi le «souffle de l’Esprit qui pousse la barque de l’Église. L’Esprit-Saint est le premier agent évangélisateur. Il [la] pousse […] à se mettre à l’écoute de la parole […]. Chacun est appelé […] à aller ‘en eaux profondes’ (Luc 5, 4 La pêche miraculeuse) à la rencontre de ceux […] qui […] sont éloignés du Christ» (Mgr E. Delmas 29/6/23).

Qu’est donc la deuxième lumière ? C’est bien-sûr le Christ lui-même! Il n’apparaît pas sur la peinture. Mais, soit dormant, soit maître des flots ou de la pêche, il est celui, toujours à nos côtés, en qui nous pouvons avoir foi. Sa puissance nous éblouit. Il s’est proclamé Lumière du monde (Jn 8,12), il est apparu éblouissant lors de la Transfiguration (Mt 17, 3-19, Mc 9, 3-9, Lc 9, 30-36).

Marie-Bernadette affirme : «Des personnes ont rapporté que cette peinture les fait prier».

Il y a en fait une troisième lumière : C’est celle qui émane de la conjonction des énergies paroissiales pour, fraternellement malgré la diversité des caractères, créer de la beauté au service de la foi ! L’éclat de cette synergie nous éblouit-il ? Rendons grâce au Seigneur pour ce que son Esprit suscite au milieu de nous !

C.-N. & M. Cottenceau